Valérie Pécresse : « La transmission est au cœur de mon projet »
Valérie Pécresse, candidate lR à la présidentielle veut supprimer « les droits de succession pour 95 % des Français ».
Dans votre programme économique, vous promettez un « choc des transmissions tout de suite ». Qu’entendez-vous par là ?
Notre pays doit avoir à la fois des racines et des ailes. La question de la transmission est cruciale pour faire nation, ce qui sera le grand défi du prochain mandat. On doit s’inscrire dans un récit national, dans une histoire et c’est en sachant d’où nous venons que nous saurons où nous allons. Le quinquennat d’Emmanuel Macron aura été celui de la déconstruction : de l’histoire, du refus de reconnaître une culture française. Je veux au contraire restaurer notre envie de transmettre de génération en génération. Je fais partie de ceux qui voient la succession comme le fruit du travail d’une vie déjà surtaxée tout au long des âges. Notre pays, qui fait partie des pays dont la fiscalité reste la plus lourde, a besoin d’un « choc des transmissions ».
Concrètement, comment se décline-t-il ?
Je défends deux mesures phares qui seront appliquées dès la première année de mon quinquennat. Je veux d’abord accélérer la donation entre vivants. Chaque parent pourra donner 100 000 euros de manière totalement défiscalisée, tous les six ans et non plus tous les quinze ans. Cette mesure concernera chaque enfant, mais aussi chacun des petits-enfants pour permettre le saut générationnel. Quant aux neveux, nièces ou encore fratries, la donation défiscalisée sera de 50 000 euros. Ces deux dernières années de crise du coronavirus, les ménages ont accumulé beaucoup d’épargne et cet argent ne doit pas dormir, mais être utilisé et transmis aux nouvelles générations pour leur permettre de réaliser leurs projets : premier achat immobilier, entrepreneuriat… Ma deuxième mesure est majeure. Je supprime les droits de succession pour 95 % des Français. Concrètement, chaque enfant pourra hériter de 200 000 euros de manière défiscalisée, soit le double d’aujourd’hui ! Je veux aller encore plus loin. Cet abattement sera de 100 000 euros pour une transmission en ligne indirecte, dans le cas, par exemple, où une personne hériterait de son oncle ou de sa sœur. Quant à la transmission d’entreprise, je veux pérenniser les entreprises familiales en sanctuarisant le pacte Dutreil, qui prévoit des exonérations fiscales. Enfin, je le dis : je ne toucherai pas au régime fiscal de l’assurance-vie.
Prévoyez-vous aussi de favoriser l’accès à la propriété ?
Je veux faire une France de propriétaires. C’est tout l’inverse de la politique menée par Emmanuel Macron, qui considère l’immobilier comme une rente. L’accession à la propriété est une chance dans la vie, une protection pour ses vieux jours et un bien à transmettre à ses enfants. Je généraliserai le prêt à taux zéro pour les primo accédants sur tout le territoire français et pas seulement dans les zones tendues. Cela correspond aux souhaits post-Covid des Français : quitter les métropoles pour habiter plus près de la nature.
Que proposez-vous sur le terrain de la politique familiale ?
La transmission passe également par une politique familiale digne de ce nom. Un pays comme la France, qui perd 11 % de ses naissances en dix ans est un pays qui est condamné à décliner économiquement. Je rétablirai l’universalité des allocations familiales. Pour encourager des maternités moins tardives, j’instaurerai une allocation de 900 euros par an dès le premier enfant. Enfin, j’augmenterai les allocations de 15 % pour le deuxième et le troisième enfant. Par ailleurs, pour faciliter la vie des familles, je relèverai les plafonds des crédits d’impôt pour les emplois à domicile de 6 000 euros aujourd’hui à 10 000 euros par an, avec 2 500 euros en plus pour les personnes dépendantes et 1 500 euros en plus par enfant. Cela encouragera et valorisera les emplois de services à la personne, à la fois pour les gardes d’enfant, les enfants en situation de handicap et pour le maintien des personnes âgées à domicile. Les solidarités familiales doivent jouer à plein, avec notamment un statut pour les aidants familiaux. Je veux restaurer la famille comme un vrai pilier de la société.
Justement que faites-vous pour les enfants handicapés et les veuves ?
Je veux protéger les adultes handicapés qui survivent à leurs parents et qui n’ont pas d’héritage. L’enfant bénéficiera toute sa vie de la réversion du dernier parent survivant. Ainsi, les parents seront rassurés : l’avenir de leur enfant sera assuré. J’aiderai aussi les femmes veuves qui n’ont pas cotisé suffisamment pour bénéficier d’une vraie retraite : je ferai passer la pension de réversion de 54 % à 75 %. Je veux aussi aider les mères seules qui, injustement, du fait que leur pension alimentaire pour l’éducation de leurs enfants est intégrée dans le revenu imposable, peuvent perdre de nombreuses aides. Cette pension alimentaire doit être entièrement défiscalisée.
Vous proposez une hausse des salaires de 10 % jusqu’à 2,2 Smic nets – soit près de 3 000 euros (2 800 euros)- en jouant sur les cotisations retraite. Ne doit-on pas s’attaquer à la baisse des charges afin d’alléger le coût du travail qualifié ?
Je veux rendre le maximum de pouvoir d’achat par le travail. Je veux augmenter les revenus nets. Pour que le travail soit mieux rémunéré, nous commencerons dès le mois de juillet par une hausse de 3 % des salaires, en concertation avec les partenaires sociaux. Avec l’objectif d’atteindre 10 %, hors inflation, à la fin du quinquennat. Je proposerai ainsi la conversion des RTT en salaire, et ce sans plafond. Les entreprises seraient alors exonérées de toutes charges salariales et patronales. Mon objectif : revaloriser le travail, plutôt que de distribuer des chèques payés avec les impôts des Français. Par ailleurs, je défiscaliserai totalement et sans plafond les heures supplémentaires. Et enfin, je libérerai totalement le cumul emploi-retraites.
Comment comptez-vous financer ces mesures alors que les caisses publiques sont vides et que la dette atteint un niveau record ?
Emmanuel Macron laisse une dette abyssale faute de réformes. Mon programme comprend toute une série de mesures d’économies. Je ferai la réforme des retraites jusqu’à 65 ans, celle de l’assurance-chômage pour inciter leur retour à l’emploi et du RSA pour sortir de la politique d’assistanat. Mais, la mère de toutes les réformes, c’est celle de l’État, avec une décentralisation des compétences pour éviter les nombreux doublons administratifs et une simplification radicale des normes.
Les Français sont-ils entrés dans la campagne présidentielle selon vous ? La crise sanitaire semble étouffer tout débat…
Les Français ont été légitimement inquiets lors de la crise sanitaire. La gestion de celle-ci a été trop souvent erratique et le gouvernement n’a tiré aucun enseignement de la situation de l’hôpital et de l’apparition de déserts médicaux. Le débat présidentiel commence et nos concitoyens commencent à tendre l’oreille. Ils découvrent chaque jour davantage les failles d’un président sortant qui n’a pas réconcilié les Français ni reformé la France. Je porte un projet de remise en ordre et d’espoir, car la France ne peut plus attendre. Je veux incarner un projet pour la France post-Covid pour répondre aux nouvelles aspirations de nos concitoyens.
Vous parliez au début de l’entretien de « récit national ». Mais dans cette campagne on entend surtout des propositions catégorielles et thématiques. Quand ferez-vous un grand discours pour présenter votre vision de la France ?
Ma vision est celle d’une France grande, puissante et respectée dans le monde après dix ans de déclassement. Mais, pour redresser la France, il faudra être fort chez soi, sûrs de nos valeurs et de notre héritage. La transmission est au cœur de mon projet, car, sans racines, un peuple a le destin d’une feuille au vent.
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