Olivier Marleix : « Nous ne voulons pas servir de béquille au pouvoir »
Nouveau chef de file des députés Les Républicains à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix préconise une baisse des taxes sur les carburants et de la CSG. Mais pour réformer, Emmanuel Macron « va devoir sortir de la méthode jupitérienne dont les Français ne veulent plus », juge l’élu d’Eure-et-Loir.
Quelles seront les propositions des Républicains sur le pouvoir d’achat ?
Au cours des campagnes présidentielle et législative, la droite a défendu de nombreuses propositions. Parmi celles-ci, il y a la réduction des taxes sur le carburant. C’est la première urgence pour les Français qui n’ont d’autre choix que de rouler pour travailler, et c’est une mesure massive, que nous avions chiffrée à 10 milliards d’euros. Nous préconisons aussi une baisse de la CSG, parce qu’elle concerne tous les revenus : salariés, retraités, indépendants. Lors de notre prochaine réunion de groupe, mardi, nous finaliserons les propositions que nous voulons mettre sur la table.
Ces derniers mois, la droite s’est beaucoup inquiétée du coût des mesures sur le pouvoir d’achat…
L’état des finances du pays est un sujet majeur. J’étais heureux d’entendre le président de la République, dans son allocution, prononcer pour la première fois depuis longtemps le mot « dette ». Au rythme actuel, la hausse des taux d’intérêt se traduit par une charge annuelle supplémentaire de 84 milliards d’euros. C’est davantage que le produit de l’impôt sur le revenu dans notre pays. Or, le président de la République a tout fait ces derniers mois pour qu’on ne parle pas de cette épée de Damoclès. Dans nos propositions, nous aurons donc une approche responsable d’assainissement de nos finances publiques. Il faut savoir faire des économies.
Avez-vous des lignes rouges ?
Les mesures doivent être financées. Et nous ne voulons pas de mesures technocratiques, comme ce pouvoir en a le secret. Nous ne voulons plus de ces usines à gaz dans lesquelles on aide des gens, mais seulement s’ils ont tel revenu, s’ils font tant de kilomètres par jour, et s’ils habitent à tel endroit… Nous préconisons des mesures simplement justes.
Soutenez-vous la création du chèque alimentaire ?
C’est le type de mesures dont nous ne voulons plus : ces chèques qui ne visent que certaines catégories de Français, en excluant en général les classes moyennes.
Emmanuel Macron a renvoyé la balle, mercredi soir, aux oppositions. Que lui répondez-vous ?
Que cette situation inédite, avec une Assemblée nationale sans majorité, est le fruit de sa politique. Si le pays est éruptif, c’est parce qu’aucune réforme n’a été faite lors du précédent quinquennat. Le président de la République a abusé d’une stratégie de fracturation du pays. En organisant une opération de démolition de la droite française, il a, ipso facto, transformé le Rassemblement national en alternative. Dès lors, c’est d’abord de sa responsabilité de créer les conditions du dialogue. Désormais, le pouvoir est au Parlement. Les Français l’ont voulu ainsi. Nous en prenons acte et nous voulons être utiles aux Français, pas servir de béquille au pouvoir. C’est ce qui nous animera lors de l’examen de chacun des textes. Nous serons responsables. Cela va aussi obliger l’exécutif à une coopération nouvelle avec le pouvoir législatif. Le président de la République va devoir sortir de la méthode verticale, jupitérienne dont les Français ne veulent plus. C’est au gouvernement de réfléchir en amont aux textes qui lui paraissent essentiels et sur lesquels il peut créer les conditions d’un accord.
La réforme des retraites fait-elle partie de ces textes « essentiels » ?
C’est une réforme essentielle pour l’assainissement des finances du pays. Sur ce sujet, le président de la République devra d’abord dialoguer avec les partenaires sociaux. Nous demandons le respect des corps intermédiaires.
Le président de la Région Grand-Est, Jean Rottner, préconise une participation de la droite au gouvernement dans le cadre d’une coalition. Que lui répondez-vous ?
Qu’il n’est pas député. Si M. Bayrou, M. Philippe ou d’autres voulaient peser sur la vie parlementaire, ils auraient dû être candidats aux élections législatives.
Faut-il changer de Premier ministre ?
Il faut que chacun reste à sa place. C’est le président de la République qui nomme le Premier ministre. Je constate que Mme Borne a un profil technique, pas politique. J’attends d’entendre son discours de politique générale pour me faire un avis.
Si elle pose la question de confiance à l’Assemblée, quelle sera la position du groupe LR ?
Nous répondrons à la question de la confiance quand elle sera posée. Mais nous sommes un groupe d’opposition, sans ambiguïté.
On dit de vous que vous êtes un dur. C’est le cas ?
Je suis un anti-Macron pragmatique. Je me suis engagé dans la politique à 17 ans et j’ai une colonne vertébrale. Ce n’est pas l’appât d’un poste ministériel qui me motive, mais l’état de la France.
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