Olivier Marleix : « Le gouvernement est piégé par l’aile gauche de sa majorité »
Dans une interview aux « Echos », Olivier Marleix, le président du groupe LR à l’Assemblée nationale, annonce que son parti va déposer une proposition de loi en lien avec la droite sénatoriale sur l’immigration. Une réponse à la Première ministre, Elisabeth Borne, qui accuse Les Républicains de retarder l’adoption du projet de loi du gouvernement.
La feuille de route des « cent jours » présentée mercredi matin par la Première ministre est-elle suffisamment ambitieuse ?
Il ne peut pas y avoir d’ambition sans adhésion. L’objectif premier du gouvernement doit être de retrouver un minimum de confiance pour être à nouveau en mesure d’agir. La défiance est telle aujourd’hui que les meilleures idées, si elles sont avancées par le président Macron, seront rejetées par les Français.
Parmi les projets de loi annoncés (partage de la valeur, industrie verte, numérique…), quels textes sont susceptibles d’être votés par les députés Les Républicains ?
Comme à chaque fois depuis un an, tous ceux que nous jugerons utiles pour les Français, sans doute après les avoir améliorés. Pour moi, le texte « industrie verte » doit être un acte de patriotisme économique, pas de verdissement à tout prix. C’est à l’aune de cet objectif que nous jugerons ce texte. Sur le partage de la valeur, il faut s’en tenir à l’accord des partenaires sociaux. Je crois à la participation et à l’intéressement, mais n’oublions pas en ce moment que la rémunération du travail, cela s’appelle d’abord le salaire.
Et sur le plein-emploi ?
Sur le travail, je n’ai pas compris si le gouvernement voulait avancer ou non sur le RSA ? Pour mémoire, en 2004 l’Etat dépensait 5,8 milliards d’euros, on en est aujourd’hui à 15 milliards ! Oui, il faut remettre tout le monde en activité, c’est le fondement de notre pacte social ; c’est une exigence d’équité vis-à-vis des Français qui se lèvent tôt, mais aussi de dignité. Vivre d’allocations ne peut pas être une vie. Mais attention, beaucoup d’allocataires du RSA sont des femmes seules avec enfant… quid des modes de garde ? Il ne faut pas recommencer l’erreur des retraites. On ne fait pas de grande réforme sans premièrement des convictions solides et ensuite de la concertation. Il y a une expérimentation sur le RSA avec 19 départements. Elle doit être le socle la réforme.
La loi de programmation militaire (LPM) doit arriver à l’Assemblée début mai. Quelle sera votre position ?
Cette LPM, c’est à la fois une grande ambition et une réelle déception. En 2030, il y aura 48 Rafale de moins qu’avec la précédente LPM, 11 drones tactiques de moins, 527 Griffon de moins. Arrêtons de faire croire que c’est parce que nos industriels ne pourraient pas suivre. La guerre est de retour sur le continent européen. Notre effort pour les années 2024 à 2027 n’est pas à la hauteur.
Le report du projet de loi sur l’immigration annoncé par la Première ministre mercredi, est-il compréhensible à vos yeux ?
Le gouvernement est piégé par l’aile gauche de sa majorité. La situation devient hors de contrôle, on le voit à Mayotte, à la frontière franco-italienne, en Seine-Saint-Denis. Il faut agir : 340.000 primo-titres de séjour, 140.000 demandeurs d’asile… du jamais vu ! Nous ne voulons pas d’un texte pour faire semblant. Une majorité écrasante de Français attend que ça change.
La Première ministre n’hésite pas à vous faire porter la responsabilité du report du texte, pointant les divisions au sein de votre camp. N’a-t-elle pas raison ?
La division est dans son camp ! Sur ce sujet-là, nous n’avons aucun état d’âme. Et surtout pas entre les groupes LR du Sénat et de l’Assemblée. Pour être très clairs, nous avons décidé avec Eric Ciotti et Bruno Retailleau de déposer une proposition de loi commune portée par Les Républicains.
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