Olivier Marleix : « Je n’imagine pas un député LR voter pour permettre des régularisations massives »
Olivier Marleix, président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale et député d’Eure-et-Loir, a répondu aux questions du Journal du Dimanche. Il est revenu sur l’examen du projet de loi sur l’immigration devant la commission des lois de l’Assemblée nationale.
Vous avez eu des mots fleuris à l’endroit de certains députés LR envisageant de voter le projet de loi immigration dans un texte publié dans La Tribune Dimanche. Quel est votre état d’esprit ?
Il n’y a eu aucun mot fleuri ! Remettons les choses à plat : nul parmi nous ne conteste que le pays a atteint un niveau d’immigration trop important qu’il n’est plus capable d’intégrer, et que cela compromet désormais notre unité nationale. On l’a vu avec le drame de Crépol. Je n’imagine pas un député LR voter un texte qui permettra des régularisations massives, ce que le fameux article 3 entraînera inévitablement. Regardons les chiffres en face : il y a autour de 900 000 clandestins en France, dont 40% sont là depuis plus de trois ans. Cela fait donc déjà 36 0000 personnes qui remplissent l’une des deux conditions pour avoir droit à la régularisation ! C’est ça qu’on veut ?
Les mesures présentées sont largement approuvées par l’opinion publique…
Les Français sont 69% à penser aussi que ce texte ne servira à rien. Et de quel texte parlons-nous? Les Français ont approuvé le durcissement opéré par le Sénat. Après son passage devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, il n’en reste pas grand chose : 31 articles ont été supprimés. Ainsi du délit de séjour irrégulier, de la subordination de l’octroi de certaines prestations sociales à cinq années de résidence stable et régulière en France. Songeons encore à l’aide médicale de l’État (AME) qui a été réintroduite parla commission. Enfin et surtout, le « droit à la régularisation » pour les clandestins est prolongé jusqu’en 2028, c’est-à-dire pour des gens qui ne sont pas encore arrivés… « Choose France ! »
Pensez-vous que vos convictions en matière d’immigration fassent l’unanimité au sein de votre groupe ?
En réunion de groupe, mardi, nous avons unanimement réaffirmé trois choses : qu’il était impératif de ne pas détricoter le texte du Sénat, que l’idée d’un droit à la régulation n’était pas acceptable et qu’une vraie rupture en matière d’immigration passe nécessairement par une révision de la Constitution. C’est clair.
De nombreux députés LR déplorent votre posture intransigeante…
Ce n’est pas une posture, mais une profonde conviction. En dix ans, nous sommes passés de 2,5 à 5 millions d’étrangers accueillis, autrement dit deux fois plus en moyenne annuelle sous Macron que sous Sarkozy. Quand le dernier de la classe vous assure que demain il sera le premier, le doute est permis ! Si encore la balance penchait du côté de la fermeté, comme l’a voulu le Sénat. Malheureusement, on n’en prend pas le chemin. Le retour du droit à la régularisation est à lui seul une ligne rouge. On ne peut me faire le
procès d’être dans une intransigeance systématique.
C’est un peu le reproche d’une partie de vos troupes…
Depuis dix-huit mois, avec le Sénat, nous avons permis l’adoption de 60 % des textes. C’est la preuve du contraire. Nous avons encouragé tout ce qui va dans le sens d’un redressement de la France: la réforme du chômage, les quinze heures d’activité pour les allocataires du revenu de solidarité active (RSA)… J’assume d’être intransigeant en matière d’immigration et de ne pas vouloir d’un texte qui aggraverait la situation, ou même qui décevrait les Français. Je ne veux pas que les Français se disent qu’une fois de plus « les politiques font semblant ».
Si d’aventure ce texte bénéficie d’une abstention, d’une mansuétude, voire de certains votes positifs du Rassemblement national, votre position ne risque-t-elle pas d’être incomprise par vos électeurs ?
Cette question est hors de propos. On ne se positionne pas par rapport aux autres, surtout pas par rapport à Mme Le Pen qui change souvent d’avis. Nous voulons réduire l’immigration. Chacun prendra ses responsabilités.
Au point de déposer une motion de censure ?
La censure, c’est une réponse au 49-3, quand un gouvernement veut forcer la main d’une Assemblée nationale où il n’a pas de majorité. Mme Borne s’est engagée à ne pas y recourir. M. Darmanin, lui, proclame urbi et orbi ne pas en avoir besoin. Je compte bien que nous ne serons pas privés de vote.
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