Muriel Jourda analyse le résultats des sénatoriales
Je voulais vous faire part de quelques réflexions suite au renouvellement du Sénat par moitié qui a eu lieu le 27 septembre dernier.
Le Sénat -où j’ai l’honneur de siéger- est une des deux chambres du Parlement avec l’Assemblée Nationale.
Si les députés qui composent l’Assemblée Nationale sont élus au suffrage universel direct, les sénateurs sont désignés par un corps électoral composé essentiellement par l’ensemble des élus locaux de France.
Paradoxalement, le résultat des élections sénatoriales me paraît plus proche de la réalité politique profonde de la France que celui des élections législatives.
Tout d’abord, quand bien même les députés sont élus directement par les français, le dernier scrutin de 2017 a été édifiant sur la façon dont nos représentants de l’Assemblée Nationale ont été choisis. L’abstention a été massive au second tour des élections législatives, bien plus qu’au second tour des dernières élections municipales de juin dernier dont le taux de participation était déjà très décrié.
Surtout, l’effet pervers du quinquennat a été visible comme il ne l’avait jamais été auparavant. L’élection des députés suit celle du Président de la République et en est devenue assez logiquement le reflet.
En 2017, a été élu un Président qui s’appuyait sur une formation politique naissante. Pour lui donner une majorité, les français ont voté pour des députés sur la base d’une étiquette politique LREM.
A l’exception de quelques transfuges d’autres partis, principalement le parti socialiste, les candidats à la députation étaient de parfaits inconnus dont la plupart n’avaient jamais été élus.
Ils se sont sentis plus redevables au Président de la République qu’à leurs propres électeurs et ont plus agi comme des représentants de la politique du gouvernement sur leur propre territoire que comme les porte-voix de la population au sommet du pouvoir.
Quiconque assiste à certaines cérémonies officielles peut vérifier que certains discours de député ressemblent plus à de la propagande gouvernementale qu’à une vraie analyse du territoire…
Le Sénat échappe à ces travers. Tout d’abord, renouvelé par moitié tous les trois ans, il est indépendant chronologiquement de l’influence des élections présidentielles. Ensuite, il est le reflet presque parfait des élections dans les territoires. S’il est de coutume de critiquer le nombre de communes en France (un peu plus de 35.000), force est de constater qu’elles constituent un maillage du territoire serré.
Si le dernier scrutin municipal a fait exception, les électeurs se déplacent plus massivement pour aller élire le maire que pour n’importe quel autre scrutin. Quand le Sénat est renouvelé, il l’est par un corps électoral essentiellement composé d’élus municipaux qui représentent donc le choix de la population.
Et cela est peu connu mais le vote est obligatoire sous peine d’amende pour les électeurs des sénateurs donc pas d’abstention à cette élection ! Le renouvellement intégral du Sénat de septembre 2017 et 2020 est le reflet des élections municipales de 2014 et 2020. Ces élections avaient été majoritairement remportées par la “droite” et le centre, indépendamment des étiquettes de parti politique.
Le Sénat reste donc une chambre dont la majorité est de la droite et du centre et correspond aux observations faites par les politologues. C’est ainsi que le groupe Les Républicains auquel j’appartiens au Sénat a encore été renforcé à l’issue du renouvellement qui a eu lieu le 27 septembre dernier. Notre groupe est de l’ordre de 150 membres. Cela ne nous suffit pas à obtenir la majorité sur une assemblée de 348 sénateurs.
Aussi faisons-nous alliance avec le groupe centriste dont le nombre de membres a également augmenté à l’issue des élections. Un groupe écologiste a été recréé avec une douzaine de membres dans la logique des résultats de quelques grandes villes aux dernières élections municipales. Le groupe socialiste a été affaibli tandis que le groupe radical a diminué de moitié. Les groupes communiste et des indépendants sont stables. Bruno RETAILLEAU a été reconduit à la tête du groupe Les Républicains à l’applaudimètre !
Président incontesté de notre groupe, il a prouvé que sa popularité était semblable sur le terrain puisqu’il a été le sénateur le mieux élu de France à la proportionnelle avec un score de plus de 70% des voix. Logiquement, Gérard LARCHER a été réélu Président du Sénat avec un score de 231 voix, sur un socle encore plus large qu’en 2017. Les Républicains forment au Sénat un groupe fort et solide qui démontre la capacité de la droite à formuler des propositions et donc à gouverner.
La majorité sénatoriale dont le groupe Les Républicains est le pilier, soutient qu’une politique différente de celle du gouvernement peut être menée par exemple sur la restauration de l’autorité de l’état, l’immigration ou la politique fiscale.
Utilisons cet atout pour les échéances électorales à venir dont j’aurai l’occasion de vous entretenir.