Jean-Louis Thiériot : « Pourquoi je voterai la Loi de programmation militaire »
Le député LR, principal orateur de son groupe sur le texte, estime que le gouvernement a accepté de nombreuses améliorations du projet. Les Républicains voteront finalement pour.
Le projet de loi de programmation militaire (2024-2030) est soumis, mercredi 7 juin, au vote solennel des députés. Il prévoit 413 milliards d’euros de dépenses pour les armées au cours de cette période, un montant en forte hausse. Son adoption ne fait aucun doute, mais l’incertitude demeure quant aux abstentions. Le Sénat doit encore s’emparer du projet de loi. Le gouvernement espère toujours une promulgation à la veille du 14 juillet.
Le député de Seine-et-Marne Jean-Louis Thiériot a été le principal orateur et acteur de son groupe parlementaire lors de l’examen du projet de loi de programmation militaire (2024-2030), d’abord en commission de la défense, puis dans l’Hémicycle. Il est un interlocuteur privilégié du ministre des Armées Sébastien Lecornu. Le groupe LR devrait finalement approuver le texte, après un fort débat interne entre les partisans du soutien et de l’abstention.
A l’Assemblée nationale, le groupe LR était divisé sur la loi de programmation militaire, entre soutien et abstention. Qu’allez-vous faire finalement ?
Au regard des gains obtenus à l’Assemblée nationale pour notre outil de défense et des ouvertures faites par le ministre Sébastien Lecornu pour la suite du débat au Sénat, je ne voyais pas comment il serait possible de ne pas voter ce texte en première lecture. Il me paraissait inconcevable de faire de l’opposition stérile et de la politique politicienne sur ce sujet. Mon point de vue semble l’avoir emporté et un vote favorable a été acté, mardi, en réunion de groupe. Mais ce n’est pas un soutien inconditionnel. Il faudra encore des avancées au Sénat sur les marches, c’est-à-dire les augmentations annuelles, pour pouvoir le soutenir en commission mixte paritaire, lorsque le texte achèvera sa navette parlementaire. La balle est donc dans le camp du gouvernement pour un vote définitif.
Quels sont les points sur lesquels vous attendez que le gouvernement bouge encore ?
Une LPM, c’est un subtil mikado. Augmenter ce que nous appelons les « cibles capacitaires » – plus d’avions, plus de blindés, etc. – n’a pas de sens si on ne prévoit pas le soutien, la maintenance et l’entraînement qui vont avec. Un des axes d’amélioration serait d’accélérer le niveau d’entraînement opérationnel (nombre de jours sur le terrain ou à la mer, nombre d’heures de vols…) qui n’est aujourd’hui qu’à 70 % de l’optimum. Le ministre a accepté de travailler sur ce point en vue des débats au Sénat et a laissé entendre que, c’est dans cette matière qu’une hausse des marches aurait tout son sens. Je crois savoir que le Sénat est très désireux d’obtenir gain de cause sur ce point.
Qu’avez-vous obtenu de la part du gouvernement au cours du débat parlementaire ?
Je suis en effet très heureux des amendements que nous avons pu faire adopter. Le plus important est l’obligation de transformer en recettes budgétaires les 13 milliards d’euros de recettes extrabudgétaires si elles devaient s’avérer insuffisantes. C’est une avancée majeure qui garantit la réalité des 413 milliards et donc la sincérité de la loi. C’était très attendu par les armées. Le nombre de messages de remerciement que j’ai reçus en témoigne. Pour le reste, nous avons bien fait évoluer le texte : garantie sur la souveraineté avec un vote du Parlement sur le passage à la phase 2 du Scaf, moyens nouveaux pour les Outre-Mer avec quatre Batral (bâtiments amphibies légers), étude sur un port en eau profonde à Mayotte, attention aux nouvelles technologies du drone aérien de combat ou de l’aviation spatiale. J’ajouterai la création d’un médiateur du crédit Défense – un combat que je menais depuis deux ans et qui devrait garantir que les institutions financières ne se détournent pas de la défense pour éviter les risques réputationnels, alors que leur engagement est vital pour les 4 000 PME et les 200 000 salariés de l’industrie de défense. Il n’est qu’un sujet où nous n’avons pas réussi à faire bouger le gouvernement, c’est celui de la hauteur des marches budgétaires, en augmentation de 3 milliards par an durant les quatre premières années et de 4,3 en suite.
Après une semaine en commission et deux semaines dans l’Hémicycle, quel regard portez-vous sur les débats et le texte qui en résulte ?
Ce fut un débat de haute tenue, loin du grand charivari qui a récemment caractérisé notre enceinte parlementaire. La gravité du sujet y est sans doute pour beaucoup. Les qualités du ministre aussi. Il a su écouter, répondre, entendre et respecter. Même si nous n’avons pas pu faire bouger le gouvernement sur la hauteur des marches budgétaires [en augmentation de 3 milliards par an durant les quatre premières années et de 4,3 en suite], nous sommes arrivés à un texte équilibré, qui a les qualités de ses limites : la dissuasion étant sauve, c’est une LPM qui privilégie la cohérence sur la masse, préserve les grands programmes, garantit la préparation de l’avenir, traite des nouvelles conflictualités (cyber, spatial, fonds marins) et assume la dimension mondiale de la France avec ses Outre-Mer. Demeurant à 2 % du PIB avec 413 milliards d’euros sur sept ans (contre 3 % durant la guerre froide), elle ne permet pas un renforcement majeur. Cela aurait représenté une quarantaine de milliards de plus, comme notre rapport parlementaire de 2022, sur la haute intensité, avec Patricia Mirallès l’avait chiffré. Compte tenu de l’état de nos finances publiques, on pouvait difficilement faire mieux. Ce n’est certainement pas une loi historique mais c’est une loi raisonnable qui sauvegarde l’essentiel et qui a été largement amélioré durant les travaux parlementaires.
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