Eric Ciotti : « Nous ne racontons pas n’importe quoi »
Invité par l’ancien député Bernard Reynès, il sera ce soir avec les militants Les Républicains à Châteaurenard. L’occasion de souffler un peu pour Éric Ciotti, pris dans la nasse de la réforme des retraites et des divisions au sein du parti qu’il préside.
Ne regrettez-vous pas de vous être lancé à la présidence des Républicains à la lumière de vos difficultés sur la réforme ?
Je savais que la fonction serait exigeante et je le mesure un peu plus chaque jour… Mais c’est un immense défi de participer au redressement de mon pays. Quant à la réforme des retraites, c’est compliqué parce que, malgré son caractère nécessaire, il y a un déficit d’explication de la part du gouvernement. Elle a été trop longtemps repoussée. La procrastination d’Emmanuel Macron a conduit à une réforme plus dure que si elle avait été faite dans des délais raisonnables. C’est ce qui guide notre position. Tout en la disant nécessaire, on doit atténuer sa brutalité.
Les concessions du gouvernement vous satisfont-elles et le compte y est-il ?
Nous avons obtenu le report de l’âge légal de départ de 65 à 64 ans ainsi que des avancées sur les petites retraites. La situation de quasi-misère des petits retraités est indigne. Nous sommes en train de parvenir à ce que ceux qui ont commencé plus tôt puissent partir plus tôt dans le cadre de carrières longues. Nous avons évité le hold-up qui s’annonçait sur les retraites complémentaires. Enfin, nous avons obtenu une clause de revoyure en 2027, car le premier paramètre relève de la démographie et de l’équilibre entre le nombre d’actifs et de retraités. Nous atténuons la pente de la réforme.
Vous voterez cette réforme ?
Sachant qu’il n’y a pas d’autre voie que le report de l’âge légal, j’ai toujours dit que je voterais cette réforme, à condition qu’elle comporte les mesures que nous avons demandées. Nous ne sommes pas encore au terme, mais je suis confiant.
Une partie de votre groupe à l’Assemblée, derrière Aurélien Pradié, augmente les exigences sur les carrières longues…
Il est revenu sur ces exigences chez vos confrères du Figaro. Nous sommes en phase sur ce point et je suis convaincu qu’on trouvera un point de convergence. Nous parlons beaucoup avec Aurélien Pradié. Il connaît mes positions, je lui fais confiance pour modifier collectivement et dans l’unité cette réforme des retraites.
Sinon, pourriez-vous aller jusqu’à lui indiquer la sortie des Républicains lors du bureau politique du 14 février ?
Il y a une liberté de vote au sein de notre groupe. Chaque député prendra ses responsabilités. Mais notre famille politique le fera aussi. N’oublions pas que si nous en sommes là, c’est parce que la gauche est revenue à la retraite à 60 ans en 1982. Depuis, Édouard Balladur, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Fillon ont eu le courage de faire des réformes. N’oublions pas cet héritage.
Cette réforme est repoussée par une majorité de Français. Les comprenez-vous ?
Nous sommes un parti de gouvernement. Nous ne racontons pas n’importe quoi, comme le font les extrêmes. Nous n’avons pas un programme qui coûte des dizaines de milliards d’euros, contrairement à Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Nous ne mentons pas aux Français. J’assume être de droite, même si je comprends la colère des Français dans ce contexte de crises à répétition.
Les Républicains ont-ils encore un espace entre le macronisme et le lepénisme ?
Mon objectif est d’amener le candidat des Républicains à l’Élysée. Nous avons gardé notre indépendance vis-à-vis du pouvoir et des extrêmes. Nous ne nous sommes pas dissous comme l’ont fait les socialistes dans la Nupes. Nous restons le premier parti de France chez les militants et dans les territoires. Une majorité de Français ne veut pas du duel annoncé entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. Nous sommes la voie de la raison. Dans un jeu politique très mouvant, nous avons des atouts considérables. Jamais ce pays n’a autant adhéré aux valeurs de la droite. L’autorité, l’identité, la liberté sont les valeurs que nous défendons depuis toujours. Il nous faut maintenant les incarner et réorganiser notre parti. C’est ma tâche.
Vous avez laissé entendre que vous serez candidat à la mairie de Nice…
C’est ma ville. J’ai été réélu en juin face au candidat du maire de Nice. J’aime ma ville, je la sers, je me prépare à lui donner un nouveau destin. Le maire sortant s’est compromis avec le gouvernement et a fait de Nice une ville plus endettée que Paris.
Avez-vous reparlé avec Renaud Muselier depuis votre altercation ?
Nous n’avons pas eu l’occasion de nous recroiser. Nos différends sont importants.
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