Aurélien Pradié : « La fin d’une époque est une réalité, une génération va prendre le relais »
Le secrétaire général des Républicains, qui réalise le 4e meilleur score de son parti dans le Lot, seul éligible en Occitanie, livre son analyse du scrutin et entend incarner la relève d’un parti à refonder.
Les Républicains ont limité la casse dimanche…
Les Républicains résistent. On nous avait annoncés morts et disparus et au final, nous arrivons à conserver des bases solides. Nous sommes en phase de convalescence et de reconstruction, c’est incontestable mais dans un tel contexte, résister comme on le fait, c’est plutôt une bonne nouvelle.
Imaginez-vous un rôle de pivot pour LR si Emmanuel Macron n’a qu’une majorité relative ?
La donne a changé pour les cinq années qui viennent. On peut assez facilement supposer qu’Emmanuel Macron n’aura pas de majorité absolue, il sera mal élu. Il va donc devoir discuter et tenir compte de l’avis des uns et des autres. Dans ce cadre, un groupe d’opposition comme celui des Républicains va avoir un rôle particulier à jouer pour les Français. Et ça change totalement la donne, que l’on soit 60, 70 ou une centaine. Mais ça ne sera pas un rôle de pivot ou pour dealer avec Emmanuel Macron, mais de défenseur des Français en poussant des réformes.
Vous avez qualifié 76 candidats au second tour, combien espérez-vous de sièges ?
C’est toujours un peu laborieux de faire des hypothèses, mais celle qui consiste à dire que l’on revienne à 60 ou 70 députés est, je pense, sérieuse.
En 2017, vous aviez plus de 100 députés, si l’on passe sur la parenthèse présidentielle et les 4,78 % de votre candidate, que s’est-il passé ?
C’est compliqué de mettre l’épisode présidentiel de côté parce que nous l’avons perdu lourdement. Depuis cinq ans, la droite française a perdu sa capacité historique à parler à tous les Français, c’est une réalité, il faut faire preuve de lucidité. C’est la suite logique de ce que l’on a vécu jusque-là, à ceci près que l’on résiste beaucoup mieux que d’autres, notamment le Parti socialiste qui a désormais totalement disparu de la circulation.
Dimanche, avez-vous eu peur que votre parti disparaisse ?
J’en ai eu peur et pas seulement hier mais aussi auparavant. Ce qui est important, ce n’est pas que le parti existe ou pas, je ne suis pas fétichiste, mais notre démocratie a besoin de partis politiques. On voit bien le cynisme absolu d’Emmanuel Macron depuis cinq ans, qui a consisté, alternativement, à nourrir le Front national et aujourd’hui l’extrême gauche. Une démocratie ne peut pas jouer continuellement avec le feu comme on est en train de le faire. Les députés de la Nupes ne défendront jamais les Français, ils sont là pour faire de l’agitation et de l’obstruction à l’Assemblée nationale.
Quelle est votre position sur la question des consignes de vote pour le second tour ?
Je suis affligé que l’on croit encore aux consignes de vote, chaque Français prendra ses responsabilités. Pour ce qui me concerne, nous n’avons pas une seule voix à donner aux extrémistes d’un côté comme de l’autre, de gauche comme de droite. Je ne soutiens pas la majorité présidentielle, je ne l’ai jamais fait et je ne le ferai pas. Je fais une remarque au passage, parce que ça me terrifie : j’ai vu la présidente de Région expliquer qu’elle allait faire voter pour la Nupes, je suis affligé de voir que celles et ceux qui nous ont fait la leçon depuis plusieurs semaines sur les grandes valeurs de la gauche républicaine, aujourd’hui ont vendu ce qu’il restait de leur âme. C’est absolument pitoyable.
Le président de LR devait réunir le conseil national stratégique lundi pour donner une position.
Je n’étais pas au conseil national stratégique. Les candidats n’attendent pas la consigne du siège national pour savoir ce qu’ils vont faire. Chaque candidat, dans chaque circonscription, donnera l’orientation qu’il souhaite ou n’en donnera pas et laissera les électeurs libres de leur choix.
Dans le Lot, avec 45,5 %, vous réalisez le 4e meilleur score de votre parti.
C’est une satisfaction personnelle et je le dois à la confiance personnelle que les électeurs me font alors que tous les barons régionaux du PS se sont mobilisés contre moi. On peut avoir une étiquette politique LR dans une terre de gauche et rester fidèle à sa ligne, à ses convictions. Il y a un autre message plus national : parmi ceux qui font les meilleurs scores chez Les Républicains, ce sont des candidats de la nouvelle génération ou ceux qui portent un message politique populaire et de justice sociale. Ce n’est pas un hasard. C’est le chemin de la reconstruction politique que l’on doit prendre.
Vous êtes le seul éligible en Occitanie.
Dans le Lot, j’ai commencé de bonne heure. L’Occitanie peut changer, mais il faudra du temps et clarifier notre message politique, ce sera le travail que j’aurai à mener dans les mois qui viennent.
Faut-il tout changer chez LR jusqu’à son nom ?
Il faut tout retravailler en profondeur, le nom, c’est la cerise sur le gâteau. La vraie question, c’est celle du message politique que nous portons et pour moi, il faut sortir d’un message exclusivement identitaire qui ne règle aucun des problèmes quotidiens. C’est une belle aventure pour la jeune génération, celle de la reconstruction d’un message populaire.
Les grands ténors de LR ont été très discrets dimanche soir, pourquoi ?
Je n’en sais rien, j’étais dans le Lot. Mais ne vous inquiétez pas, moi et d’autres, nous serons beaucoup moins discrets dans les semaines qui viennent. L’idée de la fin d’une époque est une réalité, une génération va prendre le relais.
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