Municipales 2026 : Annie Genevard lance « la reconquête des grandes villes »
Ministre de l’Agriculture et présidente de la commission nationale d’investiture des Républicains, l’élue du Doubs fixe les grandes priorités de la droite pour se mettre en ordre de marche dès la rentrée.
Croyez-vous, comme Bruno Retailleau, en une « vague bleue » aux municipales ?
Oui je le crois. Nous sommes la première force politique dans les communes de plus de 30.000 habitants en métropole, c’est factuel. Dans les 284 villes en question, la droite et le centre en dirigent 174. Parmi celles-ci, on compte 74 maires LR. Il faut donc conforter notre position sortante. De plus, la gestion de certaines villes par une gauche radicale, la dégradation de la sécurité ou de ridicules polémiques comme l’interdiction des sapins de Noël ont entraîné un profond rejet. Nous sommes une alternative. L’un des enjeux pour nous est la reconquête des grandes villes partout où nous avons des candidats potentiels issus ou proches de notre famille politique. J’ai récemment vu Martine Vassal, une femme expérimentée. Je crois en sa victoire à Marseille. À Lyon, il y a des personnalités puissantes capables de rassembler, comme Jean-Michel Aulas et Pierre Oliver. Quant à Paris, notre figure emblématique est Rachida Dati. Elle peut porter la dynamique de l’alternance. Mais la responsabilité d’une tête de liste est aussi de composer une équipe qui rassemble. C’est un impératif.
Un accord reste-t-il possible avec Michel Barnier, face à qui elle maintient sa candidature législative dans la 2e circonscription ?
Je veux le croire et nous avons deux mois devant nous pour faire l’union de la droite à Paris. Rachida Dati craint, comme beaucoup de grands politiques, des rivalités potentielles. Il faut conjurer cette crainte. Michel Barnier a été très clair : il n’est pas et ne sera pas candidat à la mairie de Paris. Sans Rachida Dati, LR ne peut pas gagner Paris. Sans LR, elle ne peut pas gagner Paris. Cet intérêt bien compris peut-être un activateur de rassemblement.
Si Horizons soutient Michel Barnier, cela présagerait de nouvelles alliances pour l’avenir ?
La politique est un pragmatisme. Il faut des principes et une appréciation juste des réalités locales. Les principes, nous les avons posés : battre et déloger la gauche partout où nous pourrons le faire aux municipales. Avec un focus particulier sur LFI qui est, pour nous, le pire. Deuxième enjeu : porter nos couleurs et faire gagner LR partout où c’est possible. Enfin, quand des maires sortants seront bien placés et compatibles avec nos convictions, nous devrons pouvoir faire entrer un maximum d’élus LR au sein des exécutifs locaux. Pour les élus Horizons, UDI ou divers droites qui seront très bien placés et sans doute réélus, nous devrons peser. Quant à la législative partielle à Paris, il est légitime que LR l’emporte sur cette circonscription, tenue autrefois par François Fillon. Mais nous la remporterons si l’on fait l’unité. Et si Horizons juge qu’il est plus utile de soutenir un candidat de droite qu’un candidat issu de ses rangs à plus faible notoriété, alors ils feront preuve de responsabilité. Responsabilité qui sera peut-être la nôtre dans d’autres villes.
Vous faites de LFI votre principal adversaire. Quid du RN ?
Voilà 50 ans que l’on nous pose la question, depuis que François Mitterrand a eu cette intuition redoutable de nous interroger sur une possible porosité avec le Front devenu Rassemblement national. Ce qui a d’ailleurs conduit à faire prospérer le parti lepéniste. Mais cela fait 50 ans que nous répétons que la droite existe et qu’elle n’est pas fongible dans le RN. Je ne sais plus comment le dire ! La question s’est posée en 2024, il y a un an, quand le président de notre parti a fait alliance avec Marine Le Pen. Alliance que nous avons unanimement refusée et condamnée.
À ce sujet, que fera LR à Nice, où Éric Ciotti ambitionne de l’emporter ?
Le cas de Nice viendra en CNI, bien sûr. Le choix d’Éric Ciotti de faire alliance avec le RN n’est évidemment pas sans conséquence à Nice. Nous n’aurons pas d’alliance d’appareils avec le RN et l’UDR mais ce n’est pas pour autant qu’il ne faudra pas essayer de ramener leurs électeurs à nous.
Mais qu’en est-il des villes où le RN affronterait LFI ?
C’est le scénario que nous voulons à tout prix éviter. À chaque fois qu’il a eu lieu, nous avons été affaiblis. Les Républicains doivent tout faire pour que les électeurs n’aient pas ce choix à faire.
La droite craint-elle une validation, par le Conseil constitutionnel, de la loi « PLM » ?
Il faut toujours être très prudent avec les lois électorales, surtout quand elles sont proches des échéances. D’autant plus que leur modification n’a pas toujours porté chance à la droite. Je pense à la réforme du scrutin régional en 2003 qui était censé empêcher le FN d’être le faiseur de rois. Résultat, la droite a perdu la quasi-totalité de ses régions au profit de la gauche.
Êtes-vous favorable à ce que LR supprime la primaire de ses statuts avant la présidentielle ?
La primaire permet de départager, mais qu’il est difficile de rassembler après ! La bonne formule est celle qui fait émerger le bon candidat et qui crée les conditions du rassemblement. L’idéal est que notre candidat s’impose de lui-même, comme Nicolas Sarkozy en 2007. Mais nous voyons bien que la donne est compliquée par le fait que la droite existe dans d’autres formations et que les ambitions sont nombreuses, même chez LR.
La très large élection de Bruno Retailleau à la tête des LR lui donne-t-elle une longueur d’avance ?
Je ne vais pas répondre à sa place, le temps de la désignation du candidat n’est pas venu.
Comment appréhendez-vous le risque d’une censure du gouvernement à la rentrée ?
Dans cette équation, il y a un élément important à prendre en compte : la censure est un facteur puissant de déstabilisation du pays à un moment où de considérables efforts budgétaires sont à fournir. Le monde économique redoute l’instabilité et il n’y a pas source d’incertitudes plus forte qu’une censure. Cela, ajouté à l’instabilité politique actuelle, constitue les prémices d’un désastre.
Quelle sera la ligne politique de la droite en 2027 ?
Il faut y travailler mais nous ne partons pas de rien. L’objectif matriciel fondamental sera la capacité à rassembler dans un pays profondément fracturé, totalement archipélisé et désuni. Il faudra offrir aux Français des perspectives, des solutions et un espoir.
Quel bilan tirez-vous de votre première année au ministère de l’Agriculture ?
Je vis cette responsabilité avec infiniment de bonheur. C’est un ministère profondément attachant car nous sommes dans l’humain, tout le temps. Mais ce ministère a toujours été celui des crises et je peux dire que j’ai été particulièrement servie en la matière ! Michel Rocard considérait ce ministère comme un «petit Matignon». Je comprends maintenant pourquoi. Mais je me suis fixé un cap intérieur : être la ministre des agriculteurs et de l’agriculture, pour laquelle il faut dessiner l’avenir.
En attendant le verdict du Conseil constitutionnel, la pétition contre la loi Duplomb a réuni plus de deux millions de signataires. Faut-il y voir un défaut de communication gouvernementale ?
Ceux qui ont promu cette pétition en amplifiant les peurs et en déformant la loi ont empêché le débat à l’Assemblée. Le droit d’amendement existe mais au-delà d’un certain nombre d’amendements déposés, c’est de l’obstruction pour empêcher que ce débat n’ait lieu. Ils en ont déposé 3500 sur une loi à 8 articles, soit autant que pour la première partie de la loi de finances chaque année. C’est toujours la même histoire : on déplore les effets dont on chérit les causes. Trop de Français, hélas, ne savent pas que nous avons l’agriculture la plus vertueuse et la plus contrainte du monde. Le pesticide en question, l’acétamipride, demeure interdit et n’est rétabli qu’à des conditions extrêmement contraignantes. Le débat est toujours une bonne chose même si je devine ce qu’il sera, avec les outrances de LFI et des écologistes.
Quelle est la première urgence agricole française aujourd’hui ?
Nous sommes en train de mener une guerre contre la dermatose nodulaire contagieuse bovine, apparue le 29 juin en Savoie et en Haute-Savoie, en provenance d’Italie. Je vis au rythme de cette alerte, la plus grave depuis mon arrivée au ministère. La bataille n’est pas gagnée mais nous pouvons la remporter. N’oublions jamais qu’au premier plan figurent les éleveurs, de véritables héros. En sacrifiant leur troupeau, ils acceptent de protéger tous les autres éleveurs de France ainsi que les générations futures.
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