Bruno Retailleau : « Le pays avant tout : pourquoi nous devons voter contre les ingénieurs du chaos »
Chers compagnons,
Lorsque vous m’avez donné votre confiance pour présider notre mouvement, je vous ai promis de porter une droite sincère, capable de dire la vérité aux Français.
Or la vérité, c’est que notre pays est aujourd’hui sous la menace d’une grave crise financière.
Sur la dette, la dépense et les impôts, la France est la lanterne rouge de l’Europe, et les taux auxquels notre pays emprunte ne cessent de grimper dangereusement. Ils sont désormais supérieurs à ceux de la Grèce ! C’est dans ce moment de tous les dangers que le 8 septembre prochain, chaque force politique devra prendre ses responsabilités face au péril budgétaire, et faire un choix crucial devant les Français.
Pour nous, ce choix n’est pas simple. Car si nous avons choisi collectivement, pour faire barrage à la gauche, de participer au gouvernement, la droite ce n’est pas le centre. Sur bien des sujets, nos convictions diffèrent de celles de François Bayrou. Ces différences, je crois les avoir assumées à la tête de mon ministère, sans jamais rien céder au politiquement correct.
Mais ne rien céder sur nos convictions, c’est aussi refuser de baisser la tête devant le terrorisme intellectuel d’une gauche qui cherche à faire croire que le problème, ce n’est pas la dépense publique devenue folle mais « les riches ». De quelle sincérité pourrait se réclamer une droite qui, après avoir si longtemps dénoncé la bombe à retardement que constitue la dette, rejoindrait LFI et le RN pour allumer la mèche d’une explosion budgétaire ? Nous ne devons pas participer à ce cartel du déni que forment ensemble Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.
Sur quoi portera le vote de confiance du 8 septembre ?
Non pas sur les mesures évoquées par François Bayrou pour réduire la dette – et sur lesquelles nous avons avec lui de vrais désaccords – mais sur le principe même de la gravité de la situation budgétaire et des économies à réaliser. Si ce principe est balayé d’un revers de main par une majorité de parlementaires, alors les marchés en tireront comme conséquence que la France ne veut pas redresser ses finances. Le prix de cette inconscience, ce sont nos compatriotes les plus modestes qui le paieront, lorsque l’Etat sera définitivement pris à la gorge par la charge insoutenable d’une dette irresponsable. Est-ce le chemin que nous voulons proposer aux Français ?
« Il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités », soulignait le Général de Gaulle. La réalité, c’est qu’un pays qui ne tient pas ses comptes est un pays qui ne tient pas son rang : nous pouvons bien promettre plus d’autorité et plus de souveraineté, si notre pays ne retrouve pas les marges de manœuvre pour renforcer l’Etat régalien, investir dans le réarmement, le nucléaire et les nouvelles technologies, rien ne sera possible.
La réalité, c’est aussi que l’effort budgétaire doit être juste pour être accepté. Car la France des honnêtes gens en a assez de payer pour les autres.
Travailler plus pour gagner rien, en supprimant deux jours fériés, ce n’est pas acceptable. Diminuer les franchises médicales sans toucher à la gratuité des soins pour les clandestins, c’est pour nous inconcevable. Depuis plusieurs mois déjà, notre mouvement travaille sur des solutions justes et puissantes, pour en finir avec l’assistanat, s’attaquer au tabou du coût de l’immigration et passer à la paille de fer toutes les dépenses inutiles. Ces mesures de bon sens sont prêtes. Mais encore faut-il qu’il y ait un débat budgétaire pour que nos députés et nos sénateurs puissent les défendre au parlement. Encore faut-il qu’il y ait encore un gouvernement dans lequel la droite puisse peser de tout son poids. Qui sait ce qu’il adviendra, au soir du 8 septembre, si la France n’a plus de gouvernement ? Qui peut garantir que, du chaos qui se prépare, le pire ne surgira pas, alors que la gauche mélenchonisée est toujours en embuscade ?
Si, il y a un an, nous avons fait le choix de participer au gouvernement, c’est justement pour éviter le pire à la France. Les mêmes raisons doivent donc nous conduire à la même position : le pays avant tout. C’est pourquoi j’ai la conviction que dans ce moment de tous les dangers, nous devons faire preuve de constance et de cohérence, et donc voter contre les ingénieurs du chaos, le 8 septembre prochain. Nous ne pouvons pas mêler nos voix à ceux qui, l’an dernier, ont censuré le gouvernement de Michel Barnier. C’est ma conviction.
Ce n’est évidemment pas un vote pour François Bayrou mais un vote pour la France, qui est au bord du gouffre.
Voilà ce que je souhaitais vous dire. J’ai conscience des interrogations, voire des doutes qui habitent certains d’entre vous. Je les entends et je les comprends. Dans cette période de grande confusion, chacun est traversé de sentiments parfois contradictoires. C’est pourquoi le mieux à faire est de nous raccrocher à des repères sûrs : dire la vérité, rester fidèle à nos idées, et faire primer l’intérêt de la France. C’est à cette condition que nous pourrons retrouver définitivement le chemin de la confiance des Français.
Fidèlement,
Bruno RETAILLEAU
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