François-Xavier Bellamy : « Non à l’Algérie, la Palestine et la Syrie dans Erasmus ! »
Le député européen explique au « Point » les raisons de son opposition à l’extension du programme européen à certains pays du sud de la Méditerranée.
Si la polémique n’a pas encore totalement pris, elle ne devrait pas tarder à enfler. La Commission européenne, par la voix de sa vice-présidente Kaja Kallas voudrait étendre Erasmus + aux pays du pacte pour la Méditerranée. Ce programme, qui facilite les échanges universitaires au sein de l’Europe, ainsi que le séjour de stagiaires, d’apprentis ou d’enseignant, serait ainsi ouvert à dix nouveaux pays, dont l’Algérie, les territoires palestiniens ou encore la Syrie.
François-Xavier Bellamy, chef de file des députés Les Républicains (LR) au Parlement européen, s’y oppose et lance avec Céline Imart, elle aussi députée européenne LR, une pétition. Le Point a recueilli ses arguments.
Le choix de la pétition est assez surprenant de la part de deux élus. Pourquoi ce format ?
Ce n’est pas notre manière habituelle de procéder, en effet. Nous avons déjà tenté de secouer la Commission en mobilisant tous les moyens parlementaires. Hélas, la prise de conscience n’est ni assez forte ni assez large. Indépendamment de toute dimension partisane ou électorale, notre objectif avec Céline Imart est d’offrir une plateforme permettant au plus grand nombre de Français d’exprimer leur opposition, afin d’imposer à la Commission de renoncer à ce projet. Lancée le 3 novembre, la pétition a déjà recueilli plus de 18 000 signatures.
Pourquoi vous opposez-vous à l’extension d’Erasmus + aux pays du pacte pour la Méditerranée ?
Conçu pour permettre aux étudiants européens de séjourner dans un autre pays de l’Union au cours de leur formation, ce programme verrait ici sa nature profondément altérée, d’une façon qui me semble à la fois contraire à nos principes universitaires et dangereuse pour nos pays. Contraire à nos principes universitaires, parce qu’Erasmus est fondé sur une convergence des modèles académiques. Et dangereuse, car son extension inclurait des régimes autoritaires, parfois instables, comme la Libye ; gangrenés par l’islam politique, comme la Syrie et la Palestine ; ou explicitement hostiles aux intérêts de nos pays, comme l’Algérie.
La Commission européenne a récemment suspendu sa coopération avec plusieurs établissements hongrois alors qu’elle souhaite s’ouvrir à la Palestine. Récemment, les universitaires Xavier-Laurent Salvador et Leonardo Orlando ont écrit qu’« aux yeux de la Commission européenne, la fréquentation d’Orban est pire que celle du Hamas ». On a compris l’idée, mais n’est-ce pas un peu caricatural ?
Aujourd’hui, factuellement, la Commission semble considérer que les valeurs européennes sont mieux respectées à Gaza qu’à Budapest. Quant au Hamas, il est déjà lié à certaines universités dont l’Union européenne est partenaire. C’est le cas à Gaziantep, en Turquie, dont la Commission européenne a confirmé la subvention, alors qu’elle est intégralement pilotée par le régime d’Erdogan, que son président s’est félicité des attaques terroristes du 7 Octobre et qu’elle prend officiellement parti sur son site Internet en faveur du Hamas.
Il y a, dans l’extension d’Erasmus aux pays méditerranéens, une dimension migratoire parfaitement évidente.
Quand nous avons déposé un amendement au Parlement européen pour arrêter ce financement, la gauche s’y est massivement opposée… La réalité est là, sous nos yeux. Et l’actualité récente dans nos universités prouve que le monde étudiant est déjà une cible prioritaire pour l’islam politique y compris en France, avec l’appui de l’extrême gauche.
Dans l’énoncé de votre pétition, vous craignez qu’Erasmus devienne un nouveau vecteur d’immigration en Europe. Pourquoi ?
Il y a, dans l’extension d’Erasmus aux pays méditerranéens, une dimension migratoire parfaitement évidente. Prenons le cas de la France. L’immigration étudiante est déjà l’un des premiers motifs de délivrance de titres de séjour. Or cela touche directement à la question de l’immigration illégale. Une personne peut être en situation irrégulière de deux façons : en entrant illégalement sur le territoire européen, ou en entrant légalement puis en restant au-delà de la durée de son visa. C’est précisément le risque lié à la multiplication des visas étudiants. Beaucoup d’étrangers en situation irrégulière en France sont entrés avec un visa étudiant, censés rester quelques mois, et ne sont jamais repartis.
Vu de France, cette extension d’Erasmus incluant l’Algérie paraît pour le moins baroque…
Bien sûr : pour la raison que nous venons de donner, il devrait être inenvisageable d’accorder des visas étudiants à des pays qui refusent de reprendre leurs ressortissants. Et c’est le cas de l’Algérie aujourd’hui. Dans l’état actuel du droit et de nos relations diplomatiques, une personne qui viendrait au titre d’un visa étudiant en provenance d’Algérie, et qui déciderait de ne pas rentrer, n’aurait aucune chance d’être reconduite dans son pays. Tout partenariat, en particulier dans ce domaine, devrait reposer sur une coopération absolument irréprochable en matière de lutte contre l’immigration irrégulière.
La Commission européenne a-t-elle oublié Boualem Sansal en imaginant ce projet ?
L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal comme le journaliste Christophe Gleizes sont toujours détenus pour le seul fait d’avoir exercé leur liberté de penser, leur liberté d’expression, leur liberté d’écriture et d’enquête… Ouvrir – en échange – à un régime qui se rend si manifestement coupable d’atteintes aux libertés fondamentales la porte de notre modèle universitaire me semble, évidemment, totalement contradictoire avec le principe même d’Erasmus.
Ce projet donne l’impression d’une Commission européenne hors sol. Comment analysez-vous la situation ?
Deux aspects se conjuguent dans ce projet porté par Kaja Kallas, vice-présidente (Renew) de la Commission européenne. D’abord, l’éternelle naïveté européenne, partagée par de nombreux décideurs, y compris dans nos pays. Souvenez-vous de la communication de l’ambassade de France en Algérie se félicitant de l’augmentation des visas étudiants, alors même que le régime algérien affiche en permanence ses marques d’hostilité. Ou encore de cette étudiante venue de Gaza, proche du Hamas, qui relayait sur Twitter/X les vidéos des discours de Hitler appelant à tuer des juifs, et qui était accueillie par Sciences Po Lille et même hébergée chez son directeur…
La seconde raison de ce projet européen, c’est le mauvais calcul qui consiste toujours à croire qu’on résorbera notre déficit démographique en important une population venue d’ailleurs. Derrière cette approche de la Commission – explicitement assumée – se trouve l’idée de résoudre les tensions du marché du travail. Des dirigeants européens continuent d’espérer que des personnes venues du Moyen-Orient viendront travailler en Europe et compenseront le déficit de naissances qui pèse déjà sur l’emploi : c’est une erreur historique, que nous n’avons cessé de combattre.
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