Antoine Vermorel-Marques : « La défiance rendra tout plus complexe pour le pays »
Le vice-président des Républicains assure qu’un gouvernement PS qui n’aurait pas nettement rompu avec LFI serait immédiatement sanctionné par son groupe.
Accorderez-vous votre confiance à François Bayrou lors du vote de demain à l’Assemblée ?
C’est une décision évidente ni pour moi ni pour la droite. On ne peut pas dire que depuis l’hiver François Bayrou nous ait beaucoup donné envie de le soutenir. Sur le terrain, personne ne me parle de ses priorités comme la proportionnelle aux législatives. Les Français ont bien retenu, en revanche, l’invention du « travailler plus pour gagner moins » avec les deux jours fériés supprimés. Une fois qu’on a dit ça, la défiance rendra tout plus complexe et plus grave pour le pays. Je voterai lundi 8 septembre pour la déclaration du gouvernement, qui ne portera pas tant sur François Bayrou que sur un diagnostic concernant l’endettement de la France et les économies dont elle a besoin.
La droite semble fragile face à cette situation nouvelle…
Nous avons fait le bon choix, il y a un an, en travaillant avec des gens avec qui nous avons des désaccords. Nous sommes gaullistes, pas macronistes, et nous avons pu faire adopter quelques textes fondamentaux comme celui sur le narcotrafic. Nous sommes un des rares partis à connaître une dynamique électorale même si ce n’est qu’un début. Il n’est pas tant question des fragilités de LR que du besoin, pour le pays, d’une nouvelle méthode pour former un gouvernement. Il n’y a pas que les conditions de notre soutien ; nous avons aussi des convictions qui doivent être respectées. Dans une équation où le Parti socialiste serait à Matignon, cet objectif me semble difficilement atteignable.
Votre président de groupe, Laurent Wauquiez, veut conditionner la participation gouvernementale de LR à un programme législatif discuté en amont. A-t-il raison ?
La droite est revenue au pouvoir pour éviter un gouvernement mélenchonisé. Nous ne l’avons pas fait pour tout démolir un an plus tard. Je suis favorable à l’idée du pacte législatif et à l’élaboration d’un contrat de coalition. C’est ce qui a manqué aux équipes gouvernementales précédentes. Je le vois au niveau local : ce que les Français nous demandent, c’est un peu de stabilité, d’œuvrer pour le bien commun – notamment en matière régalienne grâce à Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur – et pour la France qui travaille. Le prochain gouvernement va devoir construire un budget en trois mois. Ce n’est pas avec des lignes rouges mais avec des accords qu’on y parviendra. Le monde économique en a besoin. Sinon, la dissolution sera inéluctable et l’échec sera collectif.
Le prochain Premier ministre doit-il être issu du socle commun ?
C’est la prérogative du président de la République. Je préfère cette configuration qu’un Premier ministre issu du PS avec Ugo Bernalicis à la Justice ou Sandrine Rousseau à l’Agriculture. Le bateau France est à la dérive avec trois scénarios : soit la mutinerie, soit on se bat tous pour le gouvernail, soit on se met tous sur le pont et on écope le bateau. Si chacun prend ses responsabilités, il ne me paraît pas insurmontable que les intérêts du pays passent avant ceux des partis.
N’est-ce pas le Parti socialiste qui détient aujourd’hui la clé pour qu’un budget, même minimal, soit adopté dans les temps pour 2026 ?
Nous avons déjà des personnalités socialistes au gouvernement ! Les députés du PS sont-ils en mesure de rompre définitivement leur alliance avec LFI ? Si oui, alors des « women’s and gentlemen’s agreement » sont envisageables. S’ils n’y parviennent pas à cause de leurs tiraillements – qu’on peut comprendre – entre intérêts électoraux et esprit de responsabilité, la droite ne pourra pas le cautionner.
Laurent Wauquiez a expliqué que LR ne devait pas censurer a priori un gouvernement PS ou RN. A-t-il parlé trop vite ?
On ne peut pas être dans la même attitude que les socialistes qui, il y a un an, expliquaient que quoi que fasse Michel Barnier, ils le censureraient. En revanche, si le PS ne rompt pas avec LFI ou propose des hausses d’impôts massives sans baisses de dépenses, il nous sera impossible de ne pas censurer. De la même manière, on n’est pas là pour faire la courte échelle au RN, dont le principal objectif est de remplacer la droite.
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