Guillaume Larrivé : « A Beauvau, la ligne droite de Bruno Retailleau »
De ses hôtes de passage, l’hôtel de Beau vau conserve une élégante galerie de portraits. L’histoire, pourtant, n’en retiendra pas tous les visages. Dans le dernier quart de siècle, la plupart des quinze ministres qui s’y sont succédé ont fait de leur mieux, mais peu sont parvenus à obtenir des résultats probants. Sautillant d’un sujet à l’autre, ils ont multiplié les annonces et les déplacements sans autre effet que la production d’images et de sons. Les uns après les autres, ils ont été digérés par le conformisme bureaucratique et le juridisme idéologique, tandis que notre pays s’enfonçait un peu plus chaque année dans l’hyperviolence et le chaos migratoire, pour le malheur du peuple français.
En acceptant de devenir ministre de l’Intérieur, voilà 314 jours, Bruno Retailleau s’est donné un objectif stratégique : rompre avec l’impuissance publique. Car sa première vertu est de ne rien céder à la facilité. Il a refusé d’abandonner notre pays à une gauche mélenchonisée qui n’aurait qu’aggravé les désordres dont souffre notre nation. De même, il ne s’est pas caché dans le confort d’une opposition réduite au commentaire permanent, où des démagogues inexpérimentés se complaisent de peur d’avouer leur incapacité à gouverner. C’est précisément parce que les périls pour la France sont immenses et immédiats qu’il a choisi de diriger la place Beauvau sans craindre d’affronter la tempête, alors que le contexte politique est le plus précaire de toute la Vº République : la multicohabitation, qui se caractérise par l’absence de majorité à l’Assemblée nationale et la coexistence de plusieurs tendances au sein du gouvernement, réduit structurellement les marges de manœuvre du ministère de l’Intérieur. Dans ces circonstances, la tâche que Bruno Retailleau s’est assignée est d’une extraordinaire difficulté. Au moment où notre communauté nationale est désormais menacée dans son existence même, il s’agit de réarmer l’Etat, pour restaurer l’ordre public et garantir l’exercice de nos libertés.
Depuis dix mois, à la tête d’un état-major professionnel dont il a personnellement choisi les membres, le ministre de l’Intérieur dirige la bataille avec constance et cohérence, sur plusieurs fronts.
Leviers. Il parvient, d’abord, à concentrer les efforts des forces de sécurité intérieure contre les criminels et les délinquants qui pourrissent la vie des honnêtes gens. Au premier semestre 2025, par rapport à la même période l’année précédente, le nombre des cambriolages a diminué de 5%, celui des vols avec violence dans les transports en commun de 5,8%, tandis que le nombre des individus interpellés pour port et détention d’armes blanches a connu une hausse de 24%. De même, sur les cinq premiers mois de l’année, les saisies de cannabis ont augmenté de 16% et celles de cocaïne de 31%. Un quadrillage méthodique du territoire national, département par département, commune par commune, quartier par quartier, commence à produire des résultats.
En dirigeant ainsi les préfets, les policiers et les gendarmes qui sont placés sous son autorité, et en coopérant au mieux avec les acteurs de la sécurité que sont aussi les maires, le ministre d’Etat est fidèle a l’exigence définie en son temps par Clemenceau : « Le gouvernement a pour mission de faire que les bons citoyens soient tranquilles et que les mauvais ne le soient pas. » Cette détermination d’airain guide également l’action du ministre de l’Intérieur contre l’islam politique : parce que la France n’a pas vocation à devenir la province soumise d’un califat, il mobilise les services de l’Etat pour faire reculer les Frères musulmans et ceux qui s’en font les complices.
La même méthode est appliquée, avec le plus grand sérieux, sur le front de l’immigration. Les leviers dont dispose aujourd’hui le ministère de l’Intérieur sont systématiquement utilisés avec rigueur. C’est ainsi que, d’octobre 2024 à juin 2025, la délivrance des visas de long séjour a diminué de 5,2%. De même, lors du premier semestre de cette année, le volume des premières demandes d’asile a baissé de 5,8%. Parallèlement, les instructions drastiques données par le ministre pour réduire le nombre de régularisations produisent leur effet : cette diminution est de 34%. La pression contre l’immigration clandestine se traduit aussi par une forte hausse du nombre d’interpellations d’étrangers en situation illégale, de 14,9% au premier semestre, tandis que les éloignements forcés ont augmenté, sur la même période, de 15,9%. Parallèlement, l’accès à la nationalité française est restreint, afin de mieux respecter le devoir d’assimilation à la communauté nationale : entre octobre 2024 et juin 2025, le nombre des naturalisations par décret a baissé de 24%.
Est-ce suffisant? Certes non – et Bruno Retailleau est le premier à l’affirmer, tant il est conscient de l’ampleur des périls qui menacent notre nation et de l’impérieuse nécessité d’une remise en ordre de l’Etat, allant bien au-delà du périmètre actuel de son ministère. Disons les choses telles qu’elles sont. Le meilleur commandement de la chaîne préfectorale et policière ne suffira évidemment pas à suppléer, en quelques mois, les carences structurelles du système pénal, ni les défaillances systémiques de l’éducation, ni l’effritement des institutions sociales exerçant une autorité, ni les effets délétères de cinquante années d’immigration massive.
Contraintes. Dans le domaine migratoire, singulièrement, les compétences qui sont propres au ministère de l’Intérieur sont restreintes par un lacis de contraintes, dans l’ordre juridique comme en pratique, dont les circonstances politiques actuelles ne permettent pas de se libérer. En particulier, la délivrance des visas de court séjour (qui continue à augmenter de manière objectivement déraisonnable) relève d’un copilotage avec le Quai d’Orsay. Et si le ministre de l’Intérieur est personnellement parvenu à constituer, à Bruxelles, une coalition d’Etats membres poussant la Commission à mettre en chantier un nouveau règlement facilitant les expulsions de clandestins, la diminution de l’immigration légale et de l’asile comme la lutte contre l’immigration illégale restent entravées, chaque jour, par l’interprétation que les juridictions nationales et européennes ne cessent de donner à des normes juridiques aussi foisonnantes qu’incapacitantes. Pour le dire autrement : les droits des étrangers l’emportent trop souvent sur le droit de notre Etat-nation à choisir qui il souhaite accueillir en France et qui il décide de refuser.
En traçant dès maintenant une ligne droite à Beauvau, par son action et par son expression, Bruno Retailleau ne fait qu’entamer l’immense effort de réarmement opérationnel, juridique et diplomatique qui doit être conduit pour remettre l’Etat à l’endroit, c’est-à-dire restaurer notre capacité à préserver notre art de vivre et sauvegarder notre civilisation. Ce qui est engagé aujourd’hui n’en est que le premier chapitre. D’autres seront à écrire si le grand rendez-vous démocratique à venir permet de rassembler la majorité nationale, pour que le pouvoir exerce à nouveau pleinement le
pouvoir – et pour que vive la France.
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