François-Xavier Bellamy : « LR doit revenir en Ligue 1 et gagner la présidentielle »
Le numéro 2 des Républicains appelle LR à mettre au point un calendrier très concret de toutes les actions à mener pour relever la France, en pariant sur la « clé » du référendum.
Le cordon sanitaire réclamé par Bruno Retailleau contre La France Insoumise constitue-t-il une sorte de « front républicain » de droite ?
C’est simplement la conséquence nécessaire d’un constat : La France Insoumise est la première menace politique pour la vie démocratique de notre pays. Elle a choisi de faire un pari électoral sur la fracturation de la France. Et notre devoir, évidemment, est d’empêcher la réussite de ce pari.
Comment cela se traduira-t-il aux élections municipales de mars 2026, notamment dans certaines grandes villes ?
LR aborde ces municipales en position de force : nous sommes le premier parti en nombre d’élus locaux. Faire élire et réélire nos maires partout en France sera une première étape décisive pour la reconstruction du pays. Comme l’a annoncé Bruno Retailleau, nous préparerons ces élections sans accord national entre des appareils partisans, mais avec une priorité claire : partout où la gauche gouverne, nous devons tout faire pour la remplacer. Elle a fait des grandes villes en particulier un laboratoire de la déconstruction, par le déni de l’insécurité, la compromission avec le communautarisme, l’asphyxie économique au nom d’une écologie absurde. Je pense à Grenoble, Nantes, Lyon, Bordeaux…
Paris aussi ?
Paris surtout.
Concernant la législative partielle de la 2e circonscription de Paris, le télescopage des ambitions entre Michel Barnier et Rachida Dati menace-t-il l’unité de la droite dans la capitale à huit mois des municipales ? Comment éviter ce risque ?
L’expérience de Michel Barnier, la constance de son engagement, sa connaissance de cette circonscription où il habite depuis longtemps, tout cela fera de lui une figure importante pour renforcer notre groupe à l’Assemblée. Je ne vois pas en quoi ces qualités seraient un risque pour la droite.
Est-il possible de s’entendre avec des partenaires du bloc central qui ne partagent pas certaines de vos alertes, notamment sur les dangers de l’entrisme islamiste, de l’islamo-gauchisme ou la politique énergétique ?
En décidant de participer au gouvernement, nous ne sommes pas devenus macronistes. Notre but n’est pas de prolonger le « en même temps » qui a mis la France dans l’état où elle est. Je crois plus que jamais à la nécessité de reconstruire une droite claire, qui assume ses divergences fondamentales avec la gauche, pour pouvoir demain relever le pays. Aujourd’hui, nous avons choisi d’agir pour empêcher que l’alliance créée par LFI n’arrive au pouvoir ; mais nos désaccords avec la majorité sortante n’ont pas changé.
De manière plus générale, que penser de la lettre adressée par Laurent Wauquiez au premier ministre lui demandant de clarifier la ligne politique du gouvernement ?
Le ministre de l’Enseignement supérieur a affirmé que l’islamo-gauchisme n’existe pas : il devrait pourtant être en première ligne pour lutter contre cet entrisme qui menace particulièrement l’université, comme l’a montré courageusement le professeur Fabrice Balanche. Laurent Wauquiez a eu totalement raison d’alerter sur ce sujet. Je lui suis également reconnaissant d’avoir obtenu la création d’une commission d’enquête sur les convergences dangereuses entre l’islamisme et certains responsables politiques : nous devons prendre la mesure de la menace existentielle qui pèse sur notre démocratie.
Que dites-vous aux alliés du parti présidentiel qui rejettent par principe toute possibilité de soutien à un texte porté par l’UDR d’Éric Ciotti au motif de son entente avec le RN de Marine Le Pen ?
Au Parlement européen, la ligne que nous suivons est simple : dans l’urgence actuelle, toutes les occasions utiles pour protéger les Français et reconstruire le pays doivent être saisies. Quel que soit le thème, nous ne pouvons pas voter contre un texte qui propose ce que nous demandons au motif qu’il serait présenté par d’autres que nous.
Quels seront vos grands chantiers à la rentrée, en tant que numéro 2 des Républicains ?
Depuis l’élection de Bruno Retailleau, nous travaillons d’arrache-pied pour reconstruire une structure fragilisée par des années de crises et de longs mois sans président. LR doit revenir en Ligue 1 et gagner la présidentielle dans moins de deux ans. L’élan de la campagne se poursuit : plus de 15.000 adhérents nous ont rejoints depuis le vote. L’essentiel est de préparer maintenant le projet de reconstruction du pays : il faudra relever un par un les murs porteurs aujourd’hui à terre. Ma conviction, c’est que notre sujet est moins de dire ce qu’il faut faire, que d’expliquer dès maintenant comment nous le ferons. Sur les grands enjeux, le diagnostic est clair, et largement partagé par les Français : l’essentiel est maintenant de mettre au point un calendrier très concret de l’action à mener, étape par étape, pour relever le pays, dans tous les domaines. Le référendum, écarté depuis trop longtemps de notre vie démocratique, sera un levier essentiel pour que le peuple français puisse lever enfin les obstacles qui lui sont partout opposés. C’est la clé pour que le pays puisse retrouver espoir en la politique, et pour que la politique puisse retrouver le pouvoir quand l’alternance aura lieu.
Bruno Retailleau sera-t-il en capacité d’être candidat à la présidentielle ?
Il lui appartiendra de le dire bien sûr ; mais avec cette élection si massive à la tête des Républicains et la confiance que lui témoignent les Français, Bruno Retailleau jouera de toute évidence un rôle déterminant dans cette élection présidentielle. Aujourd’hui, LR a un président qui a une autorité forte, un mandat très clair, qui a été élu par 75% des adhérents après avoir vu tripler le nombre des votants et qui peut désormais faire ce qu’on attend d’un chef dans un parti politique : organiser la discussion, parce que nous ne sommes pas une caserne, mais trancher enfin pour pouvoir agir.
Quel sera l’espace politique des LR ?
J’ai toujours refusé l’idée selon laquelle la politique serait le choix d’une cible électorale, comme si un empilement de clientèles pouvait finir par constituer une majorité. C’est cette succession de calculs qui a alimenté la crise démocratique que nous vivons. Si nous savons proposer le meilleur chemin pour relever le pays, les Français reviendront vers nous. On ne peut contester que la gauche est claire sur ce qu’elle veut ; la droite doit apprendre à s’assumer, et à défendre une offre politique cohérente sur la transmission, l’école, la sécurité, l’immigration, la reconstruction économique du pays…
Mais quid de Marine Le Pen ?
Le problème est que Marine Le Pen refuse cette cohérence. Interrogée sur la baisse de la dépense publique, elle ironise sur « des trucs de droite ». Il ne s’agit pas d’une simple divergence technique sur les sujets économiques ou budgétaires : si vous n’affrontez pas les aberrations de notre système social, vous ne lutterez jamais contre l’immigration massive. Et si vous ne réformez pas une dépense publique qui asphyxie aujourd’hui les forces vives du pays, vous ne retrouverez jamais la puissance française. La situation est trop grave pour s’autoriser par facilité un autre « en même temps ».
Comment observez-vous les ambitions de Dominique de Villepin et son parti La France Humaniste ?
Il est désolant qu’un ancien premier ministre issu de la droite devienne une annexe de La France Insoumise. Cet effet de mode est le résultat d’un calcul électoral qui, derrière les discours solennels, cache une alliance inquiétante. Dominique de Villepin est un professionnel des leçons de morale et des grands principes ; mais quand notre pays voit monter un antisémitisme de plus en plus violent, il s’allie avec ceux qui l’alimentent plutôt qu’avec ceux qui le combattent.
L’année blanche est une idée avancée par le premier ministre pour redresser les comptes publics mais vous êtes très critique. François Bayrou manque-t-il de courage ou est-il simplement prisonnier d’une impasse budgétaire ?
L’urgence est de faire baisser la dépense publique, mais en agissant là où c’est nécessaire. Nous avons besoin de renforcer l’État régalien, de financer notre défense, la police, la justice, et de reconstruire nos services publics essentiels. Pour cela, il faut s’attaquer enfin au dérapage des dépenses de l’État social, qui est la vraie raison du déficit public mais aussi de la crise profonde que connaît la société française. Quand notre système social incite au non-travail en punissant ceux qui font le plus d’efforts pour le maintenir à flot, il est temps de tout changer.
Manfred Weber, président du PPE au sein duquel vous êtes trésorier, était l’invité vedette du dernier Conseil national de LR. Quel est le message ?
La droite européenne est la force politique qui gagne partout en Europe aujourd’hui. En 2019, quand je suis arrivé à Bruxelles, le PPE gouvernait dans 7 pays sur 28 ; aujourd’hui, dans 15 sur 27. Notre ligne est en train de l’emporter partout, ce sera le cas demain en France.
Les Républicains et les soutiens politiques de Boualem Sansal ne se sentent-il pas un peu seuls au sein de l’Union européenne ?
Nous ne sommes pas seuls : notre résolution pour la libération de Boualem Sansal a été votée à une écrasante majorité par le Parlement européen. Ce qui me désole est que Kaja Kallas, qui dirige la diplomatie européenne, n’avait manifestement pas été informée de sa situation par le Quai d’Orsay. Au moment où l’UE renégocie son accord de partenariat avec l’Algérie, elle pourrait faire de la libération de Boualem Sansal et Christophe Gleizes une condition absolue. Bruno Retailleau n’a cessé d’appeler à sortir de la naïveté avec l’Algérie : nous ne ferons respecter nos priorités, y compris en matière migratoire, que si nous assumons le bras de fer.
En tant que parlementaire européen, que vous inspire la pétition anti-loi Duplomb ?
Je suis vraiment inquiet de l’irrationalité qui gagne nos débats. Des élus sont désormais menacés physiquement pour avoir rétabli l’usage d’une molécule, pourtant utilisée par les 26 autres pays européens, qui sauverait des filières entières sans risque pour les abeilles ni la santé humaine – les deux inquiétudes qui avaient initialement conduit à l’interdire. Notre agriculture respecte les règles environnementales les plus exigeantes au monde : tout ce qui la fragilise soutient en fait des productions étrangères bien moins vertueuses… Signer cette pétition qui ne repose sur rien, c’est choisir de continuer ce contresens économique, social et environnemental qui affaiblit la France depuis trop longtemps.
Bruno Retailleau, dans Le Figaro , juge important de « lever le tabou du coût de l’immigration », mais l’on a aussi entendu le député macroniste Éric Woerth (ex-LR) assurer, sur la base des chiffres de l’OCDE, que ce coût équivalait à « zéro ». Qui croire ?
Il suffit de revenir aux faits. Pierre Danon, entrepreneur et nouveau trésorier de LR, a mené avec l’Observatoire de l’immigration et de la démographie un travail approfondi pour compiler toutes les données disponibles. Il en ressort que le coût net de l’immigration dépasse 40 milliards par an pour les finances publiques françaises. L’idée que l’économie française aurait besoin que continue la fuite en avant migratoire, avec tout ce qu’elle coûte surtout de fractures et de tensions à la société française, repose sur un déni de réalité totalement indéfendable.
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