Othman Nasrou : « Gabriel Attal vient de la gauche et il en garde les réflexes »
Le secrétaire général des Républicains répond aux attaques de l’ex-premier ministre, tout en pointant de profondes divergences au sein du « socle commun ». Elles devront être tranchées par le suffrage universel, « le moment venu ».
Gabriel Attal, chef de file du parti Renaissance, vient d’adresser un message aux « orphelins » des Républicains, qui ne se retrouveraient plus dans la ligne de votre parti. Que lui répondez-vous ?
Qu’il vaut mieux exprimer des convictions que des anathèmes. Il y a quelques semaines, Bruno Retailleau a été élu à la tête des Républicains par une écrasante majorité de nos adhérents en portant une ligne politique claire : assumer l’autorité, maîtriser l’immigration, baisser les dépenses de l’État, préparer l’avenir du pays et redonner de la liberté aux Français. Gabriel Attal ne se reconnaît visiblement pas dans ce projet ; je suis intimement convaincu qu’il correspond pourtant aux attentes d’une grande majorité de Français, cette « France des honnêtes gens » dont nous avons bien l’intention de prendre en charge les aspirations légitimes. Mais cette divergence n’est pas étonnante : Gabriel Attal vient de la gauche et il en garde les réflexes – il a d’ailleurs appelé à voter LFI aux dernières législatives, ce que nous n’aurions jamais fait – alors que nous défendons une politique de droite, qui ne se soumet plus aux dogmes de la gauche, lesquels ont fait tant de mal au pays. Les attaques et les caricatures habituelles maintes fois ressassées, nous les connaissons par cœur. Gabriel Attal nous reproche une prétendue proximité avec le Rassemblement national, mais qui a mené une politique portant le RN à un niveau historique ?
L’ex-premier ministre exprime-t-il un sentiment largement partagé au sein de son mouvement ?
Je crois que ce qu’il exprime s’adresse avant tout précisément à son mouvement, qui a besoin de trouver une consistance idéologique, et d’ailleurs également un ancrage territorial. Mais les vrais sujets ne sont pas là. À l’approche de la discussion budgétaire, le seul débat qui vaille doit porter sur la réduction des dépenses de l’État et sur les pistes d’économies structurelles à réaliser, pas sur des attaques stériles. Il y a un angle mort, sur lequel le débat au sein du « socle commun » pourrait être fructueux ; c’est la question, souvent oubliée du débat public, de la création de richesses, plutôt que de discuter uniquement de sa redistribution et de sa ponction. Chez LR, nous engageons un travail de fond sur ces sujets-là, avec une grande cohérence idéologique et politique entre nous. Nous aurons également à la rentrée, les 6 et 7 septembre, dans les Yvelines, des universités d’été pour travailler sur notre projet.
Quelles différences majeures identifiez-vous entre LR et le parti présidentiel ?
Nous croyons au clivage gauche-droite. Le dépassement, c’est dépassé ! Ceux qui veulent additionner les contraires se trompent nous n’avons jamais eu autant besoin de clarté. Ensuite, nous pensons à droite qu’il faut mettre un terme à l’impuissance publique et non se contenter du statu quo sur les questions de souveraineté et d’immigration, y compris par la voie référendaire quand il le faut. En s’y refusant, l’ancienne majorité présidentielle se condamne à l’immobilisme et aux seules déclarations fracassantes. Nous sommes aussi le parti de la maîtrise de la dépense publique et de la décentralisation, sur lesquelles il y a tout à faire. Sur les questions d’autorité, le virage régalien récent de Gabriel Attal est en réalité un demi-tour. Je pense par exemple à la loi Belloubet de 2019 qui a supprimé la possibilité des courtes peines, que réclame aujourd’hui Gabriel Attal. C’est en tout cas la confirmation que nous avions raison sur ces sujets qu’incarne aujourd’hui parfaitement Bruno Retailleau. Quant à l’environnement, nous n’avons pas la même approche punitive et idéologique, qui a conduit parfois à prendre des décisions sans effet notable sur le dérèglement climatique mais délétères pour notre économie. Nous croyons à une écologie de progrès, avec une approche plus pragmatique. Rappelons que nous sommes la seule famille politique à avoir défendu avec constance l’énergie nucléaire, essentielle pour la décarbonation de notre économie, alors que la programmation votée par l’ancienne majorité, prévoyait la fermeture de Fessenheim et l’arrêt de douze réacteurs nucléaires supplémentaires. Qui sont les vrais écologistes ?
De telles divergences ne sont-elles pas de nature à condamner le fragile « socle commun » de François Bayrou ou ce qu’il en reste ?
Les Républicains ont fait le choix, autour de Michel Barnier et de Bruno Retailleau, de rentrer au gouvernement après les élections législatives pour éviter le chaos budgétaire, mais aussi pour éviter que le président de la République ne soit contraint de donner les clés du pays à la gauche alliée à l’extrême gauche de Jean-Luc Mélenchon et de Sandrine Rousseau. C’est cela, la raison d’être du « socle commun », ne l’oublions pas c’est une entente de circonstances pour éviter des difficultés supplémentaires au pays. Les divergences restent en effet profondes, et heureusement. Ces divergences auront vocation à être tranchées par le suffrage universel le moment venu.
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